Enfin, le troisième outil existant est l'épargne salariale.
La loi de février 2001 a instauré la notion de fonds communs de placement
solidaire, les fonds 90/10, dans le volet retraite de l'épargne solidaire,
en créant des PERCO, Plans d'Épargne Retraite Collectif.
C'est une originalité et une réussite française.
Ces fonds sont investis pour 90 % en ISR, Investissement Socialement Responsable,
et pour 10 % dans des entreprises non côtées, à forte utilité sociale.
La refonte de la législation sur l'épargne salariale, en 2008,
dans le cadre de la LME, loi de modernisation de l'économie,
et dans la structure 90/10 au plan d'épargne d'entreprise,
PEE, cette loi permet de toucher potentiellement 12 millions de salariés.
En outre, la crise de 2008 a fragilisé la confiance de particuliers
dans la finance traditionnelle.
Ces 2 facteurs contribuent au succès de ces fonds aujourd'hui.
Les principaux gestionnaires de fonds solidaires sont Natixis Asset Management,
Amundi, Ecofi et Mandarine Gestion.
Chaque fond a sa propre méthode de sélection et investit en moyenne 30 000
euros pour un premier ticket, montant qui peut augmenter par la suite.
En plus, de l'agrément Entreprise solidaire,
ces fonds recherchent majoritairement des structures en développement,
ayant un impact social quantifiable.
Vous pouvez visualiser, sur le schéma qui s'affiche à l'écran,
la diversité des acteurs en présence sur ce marché.
Le dernier facteur de développement de l'investissement solidaire via l'épargne
salariale, c'est la loi TEPA, Travail, Emploi et Pouvoir d'Achat,
qui instaure des incitations fiscales au bénéfice des particuliers désirant
souscrire au capital de petites et moyennes entreprises, les PME.
Aujourd'hui, un particulier peut bénéficier d'une réduction d'impôt sur le
revenu de 18 % et d'une réduction d'ISF de 50 %.
Dans certaines limites et sous certaines conditions de conformité de la
PME à la définition posée par la directive européenne.
Le livre blanc préconise une fiscalité plus incitative pour cette épargne
solidaire, qui ne bénéfice d'aucun avantage fiscal
par rapport à l'épargne salariale non solidaire.
Ainsi, par exemple, une réduction du forfait social qui est passé en juillet
2012 de 8 % à 20 %, au bénéfice des seuls fonds solidaires et pour les placements
solidaires effectués dans le cadre du PERCO, serait une bonne piste.
Après l'amélioration des outils existants,
nous allons nous intéresser maintenant aux nouveaux outils, et plus particulièrement,
à une innovation parmi les plus marquantes de ces dernières années en France,
mais aussi en Angleterre, le crowdfunding ou financement participatif.
C'est un nouveau mode de financement de projets par le public.
Il permet de récolter des fonds, généralement de faibles montants,
auprès d'un large public, en vue de financer un projet artistique, musique,
édition, film ou entrepreneurial.
Les opérations de crowdfunding peuvent être des soutiens
d'initiative de proximité ou des projets défendant certaines valeurs.
Pour la plateforme KissKissBankBank, qui est un des acteurs phares en France, le
plus célèbre exemple de crowdfunding est la dernière campagne de Barack Obama, aux
États-Unis, financée par le grand public à hauteur de 150 millions de dollars.
Que serait-il advenu si Obama avait, comme son adversaire,
manqué de trésorerie en plein milieu de sa campagne électorale.
L'histoire se serait peut-être écrite différemment.
Évènement unique au monde, ce ne sont pas que de riches industriels, qui ont façonné
la victoire de leur candidat, mais des centaines de milliers de gens qui ont,
en moyenne, donné 80 dollars sur internet,
pour porter le premier Afro-Américain à la tête des États-Unis.
Le crowdfunding ou le financement participatif est donc un levier qui permet
au grand public de soutenir financièrement et collectivement
une idée ou un projet qui le séduit.
Le crowdfunding fonctionne le plus souvent via internet
et se présente sous différentes formes : des dons avec ou sans contreparties,
avec des plateformes comme APOYOGO, KissKissBankBank, J'adopte un projet.
projets ou à résultats.
Deux, des prêts avec ou sans intérêt, avec des plateformes comme Babylone,
hellomerci.com, ou Creditfunding.
Trois, des souscriptions de titres,
avec des plateformes comme 1001pact, Arizuka, ou Lumo.
Il convient donc de préciser, ainsi que l'explique très clairement la plateforme
Ulule, que le principe n'est pas nouveau.
Il est appliqué depuis des dizaines d'années,
par les organismes humanitaires par exemple,
mais la méthode a radicalement changé, avec le développement du numérique.
Le mouvement s'est accéléré, et s'est élargi aux particuliers,
avec l'émergence des blogs et des réseaux sociaux,
ainsi que l'amélioration des services de microfinancements, type Paypal.
Tout à coup, un porteur de projet pouvait créer un blog pour communiquer son idée,
faire passer le mot à son réseau en quelques clics,
et ouvrir un compte virtuel pour récupérer les microfinancements.
Le modèle permet de s'affranchir, en partie,
des procédures de subventions et de financements extérieurs, en divisant le
risque par le nombre de soutiens, jusqu'à en faire une quantité négligeable.
Ulule est la première plateforme de financements participatifs en Europe,
et s'est spécialisée sur des projets culturels.
Ce type de service de microfinancements, crowdfunding en Anglais, n'est absolument
pas inédit, loin de là, citons et rendons hommage à Fundable (r.i.p.) de John Pratt,
à Kickstarter aux États-Unis, à IndieGogo et à bien d'autres,
qui explorent ce type de dynamique de financement, chacun à leur façon.
Des services complémentaires, souvent différents dans leur positionnement,
leur fonctionnement, et/ou leurs tarifs, mais qui offrent de nombreuses
possibilités aux porteurs de projets ont été créés.
Au-delà des projets artistiques, le crowdfunding peut également désigner une
forme de mécénat dans laquelle le financement soutient un service.
C'est le cas de Wikipedia, qui est absorbe ses coûts grâce à ses donateurs,
depuis 2003.
Le crowdfunding peut aussi être le soutien à une cause.
Tela Botanica, le réseau des botanistes francophones,
a été fondé en 1999 grâce aux microfinancements des botanistes français,
pour soutenir le renouveau de l'enseignement botanique.