Et donc pourquoi justement dans cette affiche,
on voit à la fois et le spécisme et le racisme,
et qu'on ne peut pas forcément parler de racisme sans parler de spécisme,
c'est parce que si les catégories raciales, elles ont un sens, c'est parce
qu'en fait c'est en fonction de notre compréhension de ce qu'est un humain.
Et cette définition,
elle s'est faite en s'opposant à la catégorie animale et aux individus animés.
Et c'est pour ça que en fait aussi, on veut souvent s'extraire
de l'animal et dans les manifestations féministes on va dire,
même les animaux sont mieux traités que les femmes ou je ne suis pas une chienne,
ou dans les manifestations anti racisme, on va voir des pancartes avec,
je suis aussi un être humain.
Et en fait c'est dangereux parce que sans le vouloir, en partant d'une bonne
intention, on va reconduire cette dichotomie animale qui finalement est au
fondement de l'humanisme et de l'exclusion de l'autre, n'importe quel autre.
Et c'est pour ça que ça conduit à une hiérarchie des oppressions
et pour reprendre le début de mon intervention, où en fait cette affiche,
elle est autant spéciste que raciste.
Mais il y a huit ans, le spécisme, je ne savais pas ce que c'était, le racisme si,
parce que c'est une discrimination qui est bien plus légitime et acceptée.
Et maintenant en fait je la vois autrement.
>> Avec ces deux regards en fait?
>> Oui.
>> Et c'est vrai que c'est une affiche qui a énormément polémiqué quelque part parce
que ce glissement entre le monde animal et le monde social, tout le monde le fait.
C'est-à-dire que tout le monde, sans réfléchir même à la catégorie animale,
il voit de la société, du social finalement.
>> Oui.
Et je pense aussi, du coup c'est lié avec pourquoi c'est si difficile de renoncer à
ces pratiques injustes.
C'est aussi parce que, comme elles découlent de l'humanisme,
et donc du caractère qu'on s'octroie comme étant métaphysique de notre existence,
eh bien si on remet en cause ces pratiques qui sont justifiées parce qu'on
serait des êtres métaphysiques et pas les autres, finalement on fragilise ce que ça
veut dire qu'être humain et on remet un peu en question notre identité.
Et je pense c'est aussi pour ça que c'est dur de lâcher
prise sur certaines pratiques et certaines représentations.
>> Merci pour cet éclairage de cette affiche.
>> Merci beaucoup pour l'invitation.
>> Donc finalement, de ces questions de naturalisation,
de racialisation de l'autre, >> ces
naturalisations de différences présentées comme fondamentales,