Donc la démonstration est visuellement assez satisfaisante, on voit bien qu'on
a des groupes, chacun assez nombreux, même s'ils sont inégaux en effectif.
Et que ces groupes correspondent finalement à des concentrations de
populations géographiquement localisées.
Donc il suffit ensuite de mettre des frontières autour de chacun de ces groupes
et des régions dans lesquelles ils sont concentrés, et puis on aura finalement la
carte satisfaisante du point de vue ethnorégionaliste.
Alors, les biais sont nombreux, on peut les évoquer rapidement.
D'une part, ces catégories sont hétérogènes, en partie elles sont reprises
de la catégorisation du régime d'apartheid, basée à la fois sur l'ethnie
et la langue, en fait, essentiellement, mais aussi sur les origines.
On voit aussi d'ailleurs que cette catégorisation,
elle n'a sûrement pas été faite par hasard, puisque elle permet d'attribuer
finalement de larges pans du territoire sud-africain à des populations qui sont
toutes proches des origines afrikaners, des origines boers si vous voulez,
en jouant à la fois justement sur cette origine afrikaner pour définir un groupe,
et en jouant aussi sur l'usage de la langue des afrikaners,
qui est l'afrikaans, pour en définir d'autres.
Ce qui permet d'affecter à ces populations-là
de larges pans du territoire sud-africain.
L'autre objet, peut-être le plus important, c'est le fait que
des territoires qui concentrent plus de la moitié de la population sud-africaine,
ne sont pas traités selon cette approche-là.
Il s'agit bien sûr des villes,
des agglomérations, qui sont cosmopolites, qui regroupent des populations d'origines
diverses et qui peuvent en aucun cas être traitées
par une approche de type ethnorégionaliste aussi simpliste que celle-ci.
Du coup on a une carte, qui est censée être la traduction de cette proposition,
qui est une carte provinciale,
radicalement différente de celle qui était proposée par
le groupe dont il était question, qui est une carte qui se veut inclusive,
mais qui propose un regroupement en provinces, qui sont des provinces
qui regroupent finalement des parties des anciennes colonies, puis provinces,
d'origine européenne, blanches si on veut, avec des morceaux d'anciens bantoustans.
Et également, la nouvelle carte politique a fait le choix de mettre en avant
de vastes territoires métropolitains, sur lesquels il est possible d'avoir un
projet politique de gestion urbaine qui se veut redistributive.
Et sur la base finalement d'un territoire qui regroupe
les anciennes parties privilégiées et dans une partie dominée par ces agglomérations,
et donc l'ensemble des populations de la nation arc-en-ciel de la
nouvelle Afrique du Sud.
[MUSIQUE]