[MUSIQUE] Pour finir, nous allons maintenant nous intéresser au fonctionnement des fonds d'impact investing. Chacun de ces fonds va donc proposer à ses investisseurs de se regrouper comme nous l'avons vu précédemment. C'est une démarche qui compte deux temps forts. Tout d'abord, premier temps fort, le gestionnaire du fonds va élaborer une thèse d'investissement qu'il proposera aux investisseurs et qui sera ensuite le cahier des charges pour la recherche des opportunités d'investissement. Ce document exprime la vision qui portera les investissements et donc l'impact escompté et le changement attendu grâce aux investissements qui seront réalisés. Cette thèse s'articulera autour de cinq axes. Un, le degré de maturité de l'entreprise dans laquelle le fonds investira. Démarrage ou développement et changement d'échelle. Et pourquoi pas transmission par EBO, c'est-à-dire accompagner le rachat d'une entreprise par ses salariés, démarche pour laquelle les SCOP et SCIC, sociétés coopératives, peuvent constituer un vecteur très approprié. Deuxièmement, le secteur d'activité des entreprises. Certains fonds choisiront une approche sectorielle avec deux ou trois secteurs privilégiés tandis que d'autres fonds n'en feront pas un critère de choix de leurs investissements. Troisièmement, le territoire géographique de l'entreprise ciblée. L'entreprise développe-t-elle ses activités au plan local, régional, national ou même à l'international? Quatrièmement, la localisation de l'entreprise ciblée. Sera-t-elle en France, en Europe ou dans des pays en développement? Enfin, cinquième élément de cette thèse, les modalités d'intervention qui auront une influence directe sur l'intensité du risque porté par le fonds et donc par ceux qui l'ont constitué. Le fonds investira-t-il en equity, c'est-à-dire en fonds propres? Sous forme de Social Impact Bonds, en français, titres à impact social? Sous forme de prêt? Seul ou avec des partenaires, comme les banques par exemple? Avec ou sans garantie? Pour résumer, le fonds devra développer des outils de financement utiles aux besoins des entreprises sociales et solidaires, répondre à un vrai besoin de marché, cibler un ou des secteurs, un ou des types de porteurs de projets. Exemple : des femmes, des jeunes issus des quartiers. Une ou des zones géographiques, un ou des types de besoins. Capital amorçage, capital développement. Ensuite, deuxième temps fort de l'activité d'un fonds, le gestionnaire du fonds devra expliciter les modalités opérationnelles concrètes de son action qui va se dérouler en quatre étapes. Première étape, comment il compte organiser le sourcing, c'est-à-dire l'identification des projets intéressants. Comment il fera connaître son fonds, ses caractéristiques aux entreprises sociales? Quelles ressources seront mobilisées? Quels sites, quels forums, quels évènements? Quelles têtes de réseaux ou intermédiaires seront sollicités? Ensuite, comment il structurera le screening? En français, l'évaluation et la sélection des projets. Quelles grilles pour un double screening? Le screening sera-t-il social puis financier, et on dira alors que le fonds est impact first? Ou le screening sera-t-il financier puis social et on dira alors que le fonds est business first? Quelles seront les principaux critères? L'enjeu est alors de définir des grilles d'analyse de choix avec les principaux indicateurs qui seront suivis et qui dépendront du type d'instruments financiers choisis pour investir. Nous reviendrons sur les différentes possibilités dans les modules deux et trois de ce MOOC. Troisième étape, quel suivi et quel accompagnement des projets seront mis en place? Comment s'assurer que l'impact social est bien au rendez-vous et que l'objectif de rentabilité sera tenu? Nous reviendrons sur ce point dans le module quatre de ce MOOC qui traitera de la relation entre l'investisseur et l'entrepreneur. Enfin, quatrième et dernière étape, la stratégie de sortie qui est un élément capital pour un investisseur. À ce stade, deux questions principales se posent. D'abord, quelle durée moyenne d'investissement? On sait que l'impact investing exige du temps et que les durées moyennes d'investissement sont de cinq ans voire de sept ans. Il s'agit de ce que l'on appelle du capital patient. Ensuite, quels seront les acheteurs potentiels et comment pourra-t-on valoriser l'impact social obtenu? Pour conclure ce module, on peut dire que l'enjeu pour un fonds d'impact investing est donc d'assurer le bon niveau de risque, rentabilité, performance sociale, c'est-à-dire au fond de déterminer son modèle économique.