[MUSIQUE] Bienvenue dans cette deuxième vidéo concernant la gouvernance de l'énergie! Nous allons nous intéresser d'abord au modèle énergétique français et à ses spécificités, puis aux nouveaux modes de gouvernance au niveau local, en l'occurrence les coopératives énergétiques. Le modèle énergétique français est assez spécifique en Europe, de par son caractère fortement centralisé, qui a émergé dans les années 50. Ce modèle reposant sur le contrôle central de la production d'électricité nucléaire a pu montrer son efficacité, mais on en ressent aujourd'hui les limites, à l'heure de la transition énergétique. D'une part, il a été un frein puissant à la recherche et l'investissement dans des technologies plus locales, comme les énergies renouvelables et le stockage de l'énergie. D'autre part, il a sous-estimé les échelles régionales et locales, négligeant de fait la dimension territoriale de l'énergie indispensable aujourd'hui. Il est urgent pour la France d'opérer un changement de vision énergétique, en renforçant la capacité d'action des échelons locaux. Ce nouveau modèle implique de donner un rôle nouveau aux collectivités territoriales. C'est un changement culturel profond que cela engage. C'est l'un des objectifs du projet loi de 2015, relatif à la transition énergétique pour la croissance verte. Il vise la mise en place d'un nouveau modèle énergétique français, plus diversifié et plus participatif. A titre d'exemple, on voit aujourd'hui à l'échelle locale, des territoires à énergie positive qui se développent. Ils s'engagent dans une démarche visant à atteindre un équilibre entre la consommation et la production d'énergie à l'échelle locale, ce qui implique notamment une réduction importante des besoins énergétiques. Les pouvoirs publics encouragent ces initiatives qui favorisent l'efficacité énergétique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la diminution de la consommation des énergies fossiles, au bénéfice des énergies renouvelables. Comme on le voit, la question de la transition énergétique est loin d'être seulement technique et politique. Elle est profondément culturelle. Dans le cas de la France, l'enjeu sera de trouver le meilleur équilibre entre les forces du modèle centralisé et l'appropriation par les citoyens de leur consommation d'énergie, ce qu'encourage une vision locale et décentralisée. En poussant encore plus loin cette logique décentralisée, de nouveaux modes de gouvernance comme les coopératives énergétiques commencent à se développer partout dans le monde. Ce système coopératif pousse les habitants à prendre en main la production d'énergie. Ils se développent notamment dans le nord de l'Europe, où la réglementation est plus favorable. En créant des projets d'investissement dans lequel tout le monde peut devenir actionnaire, les citoyens renversent le système classique. Ce n'est plus la production qui détermine la consommation, mais la consommation qui détermine la production. L'autre avantage est, bien sûr, le fait que ces projets reposent sur les énergies renouvelables, qui sont par nature décentralisées. Pour prendre un exemple, la coopérative belge d'énergies renouvelables Ecopower, créée en 1991, totalise près de 37 000 membres. Elle possède 11 éoliennes, 3 infrastructures hydroélectriques, un système de production de biomasse et 270 panneaux solaires. L'Europe compte aujourd'hui plus de 2 400 coopératives d'énergies renouvelables. Tout en répondant aux objectifs européens, ces coopératives permettent aux citoyens de s'approprier les enjeux de l'énergie. Mais il reste cependant un certain nombre d'obstacles réglementaires ou financiers dans de nombreux pays. Dans cette vidéo, nous avons donc vu les spécificités du modèle français et les limites actuelles d'un tel modèle centralisé. D'autre part, nous avons vu l'émergence de nouvelles formes de gouvernance, qui à l'image des coopératives, peuvent jouer un rôle déterminant dans le changement de nos comportements en matière de consommation d'énergie. Merci de votre attention. [AUDIO_VIDE]